•  Le 30 septembre 2014 Xu Lizhi est mort à l'age de 24 ans.

     C'était un ouvrier chinois qui travaillait à la chaîne pour la multinationale Foxconn, à Shenzhen. 

     

    Foxconn est le plus grand fabricant du monde dans le domaine de l’électronique. Ses villes-usines, qui font travailler plus d’un million de Chinois, produisent iPhone, Kindle et autres PlayStation pour Apple, Sony, Google, Microsoft, Amazon, etc. En 2010, elles ont été le théâtre d’une série de suicides d’ouvriers qui ont rendu publiques des conditions d’exploitation fondées sur une organisation militarisée de la production, une taylorisation extrême, l’absence totale de protection sociale et une surveillance despotique jusque dans les dortoirs où vivent les ouvriers.

     

    Xu Lizhi est devenu célèbre par ses poèmes qui décrivent et dénoncent les conditions de travail et de vie des ouvrier-es de Foxconn :

     

    « Les machines ressemblent à d’étranges créatures qui aspirent les matières premières, les digèrent et les recrachent sous forme de produit fini. Le processus de production automatisé simplifie les tâches des ouvriers qui n’assurent plus aucune fonction importante dans la production. Ils sont plutôt au service des machines. Nous avons perdu la valeur que nous devrions avoir en tant qu’êtres humains, et nous sommes devenus une prolongation des machines, leur appendice, leur serviteur. J’ai souvent pensé que la machine était mon seigneur et maître et que je devais lui peigner les cheveux, tel un esclave. Il fallait que je passe le peigne ni trop vite ni trop lentement. Je devais peigner soigneusement et méthodiquement, afin de ne casser aucun cheveu, et le peigne ne devait pas tomber. Si je ne faisais pas bien, j’étais élagué. »

     

    « Ils m'ont entraîné à être docile

    Je ne sais plus comment crier ou me rebeller

    Comment me plaindre ou dénoncer

    Seulement comment souffrir en silence, épuisé »

    (extrait de "I Fall Asleep, Just Standing Like That")

     

    Le 30 septembre 2014, à son tour Xu Lizhi s'est suicidé en se jetant du haut d'un bâtiment (les fenêtres des dortoirs ayant des barreaux pour empêcher ça).

     

    « Une vis tombe par terre

    Dans cette nuit noire des heures supplémentaires

    Plongeon vertical, on l'entend à peine atterrir

    Personne ne le remarquera

    Tout comme la dernière fois une nuit comme celle ci

    Quand quelqu'un s'est jeté

    dans le vide. »

     

     


    Tags Tags :