Le collectif Agir Migrants appelle à un rassemblement devant le Tribunal d’instance de Villeurbanne (3 rue Dr Pierre Papillon, Métro Gratte Ciel), lundi 11 juin à 9h
Appel à soutien à la maison Mandela assignée devant le tribunal de grande instance par la Métropole réclamant son expulsion
Le collectif Agir Migrants appelle à un rassemblement devant le Tribunal d’instance de Villeurbanne (3 rue Dr Pierre Papillon, Métro Gratte Ciel), lundi 11 juin à 9h pour défendre la mise a disposition citoyenne d’un immeuble vacant « la Maison Mandela » lieu d’hébergement de mise a l’abri, de refuge, pour les sans abris et migrant.es sorti.e.s du bidonville face à l’esplanade Mandela.
Désaffectée depuis peu, la Maison Mandela est un bâtiment vacant appartenant à la Métropole. Ouverte le 13 janvier 2018, elle avait à l’origine vocation à accueillir 60 personnes dont 10 enfants qui dormaient dans le bidonville Mandela, sur l’Esplanade Mandela, bidonville qui a été expulsé le 9 février 2018.
Rénovée par des citoyens volontaires afin d’offrir un logement décent à de très nombreuses personnes (familles, femmes seules, femmes enceintes, enfants), la Maison Mandela a permis 4 700 jours d’hébergement cumulés depuis son ouverture, dans 8 appartements.
Le 12 février 2018 des membres du collectif Agir Migrants ont été assignés devant le tribunal par la Métropole.
Le 1er avril un ordre d’expulsion est signifiée pour la maison Mandela.
Par l’intermédiaire de leur avocate, Agir Migrants a réussi à suspendre pour un temps l’expulsion. La Maison est ainsi toujours debout, proche de l’amphi Z et la Trappe à Cusset.
Cependant la Métropole, aveugle à la catastrophe humanitaire provoquée une nouvelle fois par la fermeture de nombreux foyer et lieux d’hébergements, réitère fin mai en demandant une nouvelle assignation en référé aux occupants de la maison Mandela, en ces termes :
« La précarité de la situation des occupants et leur situation sociale particulièrement difficile ne peut supprimer le caractère illicite de l’occupation des lieux et justifier l’atteinte au droit de propriété de la Métropole de de Lyon ». (CA Lyon, 11 octobre 2016 Métropole de Lyon/Marcon. CA Lyon, 11 octobre 2016 Métropole de Lyon/Dadachev).
De même, et encore (souligne l’avocat de la Métropole), la Cour d’Appel de Lyon a rappelé dans l’un de ses arrêts du 14 novembre 2017 que :
« Les intimés ne contestent pas s’être introduits sciemment, sans droit ni titre, dans les lieux litigieux et leur éventuel état de nécessité ne peut supprimer le caractère illicite de l’occupation des lieux et justifier l’atteinte au droit de propriété de la Métropole de Lyon qui n’a pas à justifier d’une urgence à reprendre possession des lieux ». (En gras, souligné par l’avocat de la Métropole).
Citoyen.ne.s de tous horizons, de toutes conditions, de toutes classes sociales, nous avons en commun cette insupportable sentiment de honte à l’égard d’une politique conduite au nom du droit de la propriété et contre la vie des personnes hébergées, par la seule cupidité et la vénalité.
Nous refusons que cette politique soit conduite en notre nom.
Nous refusons que notre patrimoine public, notre bien commun, puisse rester vacant des années quand certains pourraient être utiles.
Nous refusons le désengagement de l’État de ses missions d’accueil et de mise à l’abri des personnes les plus vulnérables et la démission des collectivités face à la montée de la très grande précarité.
Nous refusons qu’en 2018 que dans le même temps ou, au cœur de la politique de la ville et son chantier exponentielle d’innovation de la ville, de "pôle d’excellence", que d’hiver en l’hiver, durant les canicules d’été, que la Métropole mette "en vacance" c’est-à-dire à la rue des personnes vulnérables. Que notre société dont la fierté passée est d’être à l’aune du "droit d’asile" puisse laisser des milliers de personnes vivre sans abri et sans solution dans des conditions inhumaines et dégradantes.
Nous ne pouvons tolérer la dissimulation statistique qui consiste à soustraire des chiffres des personnes sans-abri, celles et ceux qui remplissent d’indigence les campements et bidonvilles.
Enfin, nous refusons que notre patrimoine public qui, il le faut rappeler, est notre bien commun, puisse rester vacant des années quand certains bâtiments pourraient être utiles aux plus nécessiteux.
Nos objectifs sont toujours les mêmes :
- dans un premier temps il s’agit d’empêcher l’expulsion des familles de la Maison Mandela qui conduirait à remettre à la rue, sans solution, ces familles avec enfants et/ou personnes dont beaucoup ont une santé fragile.
- dans un deuxième temps nous souhaitons que la Maison Maison puisse continuer à tenir son rôle de refuge, d’écoute, de soins, de suivi de personnes qui sans cela n’ont d’autres solutions que la rue, ce jusqu’à sa démolition, annoncée pour 2020
La maison Mandela est en effet un lieu de transit, refuge d’urgence, un temps de repos pour de nombreuses personnes, comme Chez Marcel à Briançon (conventionné avec la participation de la mairie de Briançon). La Maison Mandela est aussi une équipe d’aidants bénévoles qui orientent, trouvent un hébergement voire un logement, qui aident pour l’accès aux soins médicaux et dentaires, à la scolarité des enfants, dispensent des cours aux enfants et adolescents.
Ce faisant, la Maison Mandela et les bénévoles qui la font vivre, permettent de pallier les insuffisances de l’État et remplissent une mission de service public qu’il se refuse à assumer.
Pendant que l’on écrit cet appel, des familles, des femmes enceintes, sont mises à la rue, pour être remplacées par d’autres personnes et familles, des enseignants et des parents d’élèves occupent des écoles pour mettre à l’abri ceux qui se retrouvent à la rue. Quelle est la logique induite pour tant de souffrances ?
Ne désirant pas nous soustraire à l’autorité de l’État, nous souhaitons cependant lui rappeler ses obligations et manquements. Il nous semble également intéressant de souligner que, par nos efforts citoyens, nous avons permis de substantielles économies à la Métropole de Lyon (qui a par ailleurs déboursé 1,8 millions d’euros en dispositifs destinés à surveiller ses nombreux bâtiments désaffectés).
Des citoyens citoyennes bienveillants les uns aux autres, les uns envers l’Autre,
Rendez vous :
Lundi 11 juin 2018 à 9 heures
Devant le TGI de Villeurbanne
3 rue Dr Pierre Papillon, Métro Gratte Ciel - Villeurbanne